Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/149

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vre Règne, Bharata, dans cette ville, abandonnée par toi et par moi ! »

À ces paroles du vieux monarque, Râma lui répondit en ces termes : «  Il ne te sied nullement, auguste roi, de venir avec moi dans les forêts : tu ne dois pas faire un tel acte de complaisance à mon égard. Pardonne, ô mon bien-aimé père, mais que ta majesté daigne nous lier ensemble au devoir : oui, veuille bien, ô toi, qui donnes l’honneur, te conserver toi-même dans la vérité de ta promesse. Je te rappelle simplement ton devoir, ô mon roi ; ce n’est pas une leçon que j’ose te donner. Ne te laisse donc pas éloigner de ton devoir maintenant par amitié pour moi ! »

À ces mots de Râma : «  Que la gloire, une longue vie, la force, le courage et la justice soient ton domaine éternel ! dit le roi Daçaratha. Va donc, sauvant d’une tache la vérité de ma parole ; va une route sans danger pour un nouvel accroissement de ta renommée et les joies du retour ! Mais veuille bien demeurer ici toi-même cette nuit seule. Quand tu auras partagé avec moi quelques mets délicieux et savouré le plaisir de mes richesses ; quand tu auras consolé ta mère, toute souffrante de sa douleur, eh bien ! tu partiras. »

Il dit ; à ces mots de son père affligé, Râma joignit les mains et répondit au sage monarque agité par le chagrin : «  J’ai chassé de ma présence le plaisir, je ne puis donc le rappeler. Demain, qui me donnerait ces mets délicieux, dont ta royale table m’aurait offert le régal aujourd’hui ? Aussi aimé-je mieux partir à l’instant, que m’abstenir jusqu’à demain.

«  Qu’elle soit donnée à Bharata, cette terre que j’abandonne, avec ses royaumes et ses villes ! moi, sauvant