Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/153

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et se mit à songer, car la jolie reine était encore inhabile à revêtir, comme il fallait, un habit d’anachorète. Quand elles virent habillée de cette écorce vile, comme une mendiante sans appui, celle qui avait pour appui un tel époux, toutes les femmes de pousser simultanément des cris, et même : « Ô honte ! disaient-elles à l’envi ; honte ! oh ! la honte ! » À peine le roi eut-il entendu ses femmes crier : « Honte ! oh ! la honte ! » toute sa foi dans la vie, toute sa foi dans le bonheur en fut complètement brisée par la douleur.

Le vieux rejeton d’Ishwâkou poussa un brûlant soupir et dit à son épouse : « Femme cruelle, toi, qui marches dans les voies du péché, la grâce que tu m’as demandée, c’est que Râma seul fût exilé, et non le fils de Soumitrâ, et non la fille du roi Djanaka.

« Pour quelle raison, ô toi, de qui la vue est sinistre et la conduite pleine d’iniquité, leur donnes-tu à tous les deux ces vêtements d’écorce, mauvaise et criminelle femme, opprobre de ta famille ? Sîtâ ne mérite point, Kêkéyî, ces habits tissus avec l’écorce et l’herbe sauvage ! »

À son père, assis dans le trône, d’où il venait de parler ainsi, Râma, la tête inclinée, adressa les paroles suivantes, impatient de partir aussitôt pour les forêts : « Ô roi, versé dans la science de nos devoirs, Kâauçalyâ, ma mère, cette femme inébranlablement dévouée à toi, livrée tout entière à la pénitence, d’un naturel généreux et d’un âge avancé, est profondément submergée, par cette inattendue séparation d’avec moi, dans une mer de tristesse. L’infortunée, elle mérite que tu étendes sur elle, pour la consoler, ta plus haute considération. Daigne, par amitié pour moi, daigne toujours la couvrir tellement de tes