Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/158

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Aussi longtemps que le roi vit de ses yeux ce fils bien-aimé, il supprima en quelque sorte dans son esprit la distance lointaine jetée entre eux. Tant qu’il fut possible au roi de le voir, ses yeux, dont le regard suivait ce fils, non moins vertueux que bien-aimé, ses yeux, marchèrent comme pas à pas avec lui. Mais, quand le roi, maître du globe, eut cessé de voir son Râma, alors, pâle et navré de chagrin, il tomba sur la terre.

Kâauçalyâ tout émue accourut à sa droite, et Kêkéyî vint à gauche, toute pleine de sa tendresse satisfaite pour son fils Bharata. Ce roi, doué parfaitement de conduite, de justice et de modestie, adressant un regard à cette Kêkéyî, opiniâtre dans sa mauvaise pensée, lui parla en ces termes : «  Kêkéyî, ne touche point à mon corps, toi, qui marches dans les voies du péché ; car je ne veux plus que tu offres jamais ta vue à mes yeux ; je ne vois plus en toi mon épouse !

«  Si Bharata devient célèbre, quand il aura fait passer ainsi le royaume dans ses mains, que mon ombre ne goûte jamais aux dons funèbres qu’il viendra m’offrir devant ma tombe ! »

Dans ce moment la reine Kâauçalyâ, en proie elle-même à sa douleur, aida le vieux roi, souillé de poussière, à se lever et lui fit reprendre le chemin de son palais.

Le monarque, accompagné de sa tristesse, dit alors ces paroles : «  Que l’on me conduise au plus tôt dans l’appartement de Kâauçalyâ, mère de mon fils Râma ! »

À ces mots, ceux qui avaient la surveillance des portes mènent le roi dans la chambre de Kâauçalyâ ; et là, à peine entré, il monta sur la couche, où la douleur agita son âme. Là encore il se lamenta pitoyablement à haute voix, désolé, torturé de chagrin et levant ses bras au