Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/160

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Ces peuples des villes et des campagnes, malheureux et baignés de larmes, Râma, avec le fils de Soumitrâ, les entraînait derrière lui, enchaînés par ses vertus.

Ensuite le noble prince, ayant décidé qu’on ferait une halte sur le rivage de la Tamasâ, porta ses regards sur la rivière et dit ces paroles au fils de Soumitrâ : «  Voici près d’arriver, mon beau Lakshmana, la première nuit de notre habitation au milieu des forêts. Que la félicité descende sur toi ! Ne veuille pas te désoler ! Vois ! partout les forêts vides pleurent, pour ainsi dire, abandonnées par les oiseaux et les gazelles, retirés dans leurs noires demeures. Fils de Soumitrâ, demeurons cette nuit où nous sommes avec ceux qui nous suivent. En effet, ce lieu-ci me plaît dans ses différentes espèces de fruits sauvages. »

Après ces mots adressés au Soumitride, le noble exilé dit à Soumantra même : « Soigne tes chevaux, mon ami, sans rien négliger. »

Le cocher du roi arrêta donc le char en ce moment où le soleil arrivait à son couchant ; et, quand il eut donné à ses coursiers une abondante nourriture, il s’assit vis-à-vis et tout près d’eux.

Ensuite, après qu’il eut récité la prière fortunée du soir, le noble conducteur, voyant la nuit toute venue, prépara de ses mains, aidé par le fils de Soumitrâ, la couche même de Râma. Alors, quand celui-ci eut souhaité une heureuse nuit à Lakshmana, il se coucha avec son épouse dans ce lit fait avec la feuille des arbres, au bord de la rivière.

Ce fut donc ainsi que, parvenu sur les rives de la Tamasâ, qui voit les troupeaux et les génisses troubler ses limpides tîrthas, Râma fit halte là cette nuit avec les sujets