Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/168

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plusieurs essences, Râma dit à Lakshmana vers le temps où le soleil commence à baisser un peu : « Vois, fils de Soumitrâ, vois, près du saint confluent s’élever cette fumée, comme le drapeau d’un feu sacré : nous sommes, je pense, dans le voisinage d’un anachorète. Sans doute, nous voici bientôt arrivés à l’endroit heureux où l’Yamounâ mêle ses ondes au cours de la Gangâ : en effet, ce grand bruit qui vient à nos oreilles ne peut naître que de ces deux rivières, dont les vagues s’entrechoquent et se brisent. Ce ne peut être que les anachorètes nés dans la forêt qui ont fendu ce bois pour le feu du sacrifice ; et voici différentes espèces d’arbres, comme en en voit dans l’ermitage de Bharadwâja. »

Quand ils eurent marché encore à leur aise un peu de temps, l’arc en main, ils arrivèrent, accablés de fatigue, après le coucher de l’astre qui donne le jour, à la sainte chaumière de Bharadwâja.

Parvenu avec son frère à l’endroit où se cachait l’ermitage de l’anachorète, le jeune Raghouide y pénétra, sans quitter ses armes, effrayant les gazelles et les oiseaux endormis. Amené par le désir de voir le solitaire à la porte même de son ermitage, le beau Râma s’y arrêta avec son épouse et Lakshmana.

L’anachorète, averti que deux frères, Râma et Lakshmana, se présentaient chez lui, fit introduire aussitôt les voyageurs dans l’intérieur de son ermitage. Râma se prosterna, les mains jointes, avec son épouse et son frère, aux pieds de l’éminent solitaire, qui, assis devant son feu sacré, venait d’y consumer ses religieuses oblations. L’anachorète, environné de pieux ermites, d’oiseaux même et de gazelles accroupies autour de lui, accueillit avec honneur l’arrivée du jeune prince et le félicita.