Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/273

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ramène ici : pourquoi gémis-tu, les yeux dévastés par des larmes ? »

La méchante femme, accablée de douleur, essuya ses yeux mouillés de larmes et lui répondit en ces termes : « Ces héros des Rakshasas, que tu avais envoyés, la lance au poing, Râma seul les a tous consumés avec le feu de ses flèches. À la vue de cette prouesse, à l’aspect de ces guerriers tombés sur la terre, comme des arbres sapés à la racine, je fus saisie d’un tremblement subit. Rakshasa, je suis troublée, consternée, épouvantée ; et je viens, ne voyant partout que terreur, me réfugier sous ta protection !

« Arrache toi-même, Démon nocturne, cette épine qui est venue s’implanter dans la forêt Dandaka pour y blesser tes Rakshasas. Autrement, moi, qui te parle, je vais jeter là ma vie devant toi, lâche, qui n’as point de honte, si mon ennemi n’est immolé de ta main aujourd’hui même ! »

À sa cruelle sœur, qui l’excitait ainsi à l’audace, le bouillant Khara de répondre avec ce langage plein de véhémence au milieu des Rakshasas : « Ce Râma, qui n’est tout simplement qu’un homme, un être sans force, n’a point de valeur à mes yeux ; et bientôt, aujourd’hui même, abattu sous mon bras, il vomira sa vie pour ses méfaits ! Arrête donc ces larmes ! chasse-moi cette terreur ! Aujourd’hui même, je vais jeter Râma et son frère dans les noires demeures d’Yama ! N’en doute pas, Rakshasî, tu vas boire en ce jour le sang chaud de Râma, frappé de cette massue et couché sans vie sur la surface de la terre !

« Une fois Râma tué et son frère avec lui, tu pourras