Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/312

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père. Râma est toujours prêt à donner, jamais à recevoir ; il ne sortira point de sa bouche une parole qui ne soit la vérité : telle est, saint brahme, la sûreté de sa promesse, qu’il n’est rien au-dessus d’elle. Un frère de Râma, né d’une autre mère et nommé Lakshmana, homme éminent et plein de courage, se fit le compagnon de son exil. Aux remontrances pleines de sens que fit celui-ci contre l’engagement de son frère : « Mon âme se plaît dans la vérité ! » lui répondit ce Raghouide à la vive splendeur. Ce frère judicieux, à la grande vigueur et fidèle à son devoir, Lakshmana suivit avec moi, son arc à la main, Râma, qui s’en allait dans le bois de son exil.

« Ainsi, une seule parole de Kêkéyî nous a bannis tous les trois du royaume, et nous errons pleins de constance, ô le plus vertueux des brahmes, dans la forêt profonde. Nous habitons ces bois tout remplis de bêtes féroces : rassure-toi cependant ; il t’est possible d’habiter ici. Mon époux va bientôt revenir, m’apportant les plus beaux fruits de la forêt… Dis-moi donc, en attendant, dis-moi quel est ton nom, ta famille et ta race, suivant la vérité. Pourquoi vas-tu seul ainsi dans la forêt Dandaka ? Je ne doute pas, saint ermite, que Râma ne t’accueille avec honneur. Mon époux aime la conversation et se plaît dans la compagnie des ascètes. »

À ces mots de Sîtâ, la charmante épouse de Râma, le vigoureux Démon, blessé par une flèche de l’Amour, lui répondit en ces termes : « Écoute qui je suis, de quel sang je suis né ; et, quand tu le sauras, n’oublie pas de me rendre l’honneur qui m’est dû. C’est pour venir ici te voir que j’ai emprunté cette heureuse métamorphose, moi, par qui furent mis en déroute et les hommes et les Immortels avec le roi même des Immortels. Je suis celui