Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/318

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vieux, affaibli dans sa vigueur ; mais tu vas connaître dans un combat, petit-fils de Poulastya, ce qui me reste encore de vaillance, ce tu n’en sortiras point vivant !

« Comment un roi fidèle à son devoir peut-il souiller une femme qui n’est pas la sienne ! C’est aux rois surtout qu’il appartient de protéger les femmes d’autrui. Reviens de cette pensée, être vil, d’outrager la femme d’un autre, si tu ne veux que je te pousse à bas de ton char magnifique comme un fruit que l’on secoue de sa branche !

« Esprit mobile avec un naturel méchant, comment se fait-il qu’on t’ait donné l’empire, ô le plus vil des Rakshasas, comme on donnerait au pécheur un siége dans le paradis ? Quand Râma, cette âme juste et sans péché ne t’a offensé, ni dans ta ville, ni dans ton royaume, pourquoi donc, toi, lui fais-tu cette offense ? Pour venger Çoûrpanakhâ, si Khara est venu dans le Djanasthâna et si vaincu il y trouva la mort, est-ce là un crime dont Râma soit coupable ? Quand il y vint aussi quatorze milliers de Rakshasas pour tuer Râma et Lakshmana, si le bras du Raghouide leur fit mordre à tous la poussière, dis, et que ta parole soit l’expression de la vérité, est-ce encore une faute qu’il faille reprocher à ce noble maître du monde ? Est-ce un motif pour te hâter d’enlever son épouse ?

« Lâche promptement l’auguste Vidéhaine, ou je vais te consumer de mon regard épouvantable, destructeur, incendiaire, comme Vritra fut consumé par le tonnerre de Mahéndra ! Ne vois-tu pas que tu as lié au bout de ta robe un serpent à la dent venimeuse ? Ne vois-tu pas que la mort a passé déjà son lacet autour de ton cou ? Insensé, il ne faut pas entrer dans une condition où l’on trouverait sa mort ; et l’homme ne doit pas accepter une