Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

perle même, si elle peut un jour amener sa ruine !

« Il y a soixante mille ans que je suis né, Râvana, et que je gouverne avec justice le royaume de mon père et de mon aïeul. Je suis vieux, et toi, héros, tu es jeune, monté sur un char, une cuirasse devant ta poitrine, un arc à ton poing ; mais aujourd’hui, ravisseur de la Vidéhaine, tu ne saurais m’échapper sain et sauf ! »

À ces mots, prononcés avec tant de justesse par le vautour Djatâyou, les vingt yeux du Rakshasa irrité brillèrent menaçants et pareils au feu. Avec des regards enflammés de colère, agitant ses pendeloques d’or épuré, le monarque des Rakshasas s’élança furieux sur le roi des oiseaux.

Voici donc l’oiseau, frappant et de son bec et de ses ailes, ayant pour troisième arme ses pattes crochues, et Râvana à la grande force, qui luttent sans peur l’un contre l’autre.

Le Démon fit pleuvoir sur le roi des vautours ses flots épouvantables de traits, de javelots, de flèches en fer aux pointes aiguës, aux barbes alternées. Le monarque des oiseaux, enveloppé dans ces réseaux de flèches, reçut dans le combat sans bouger ces dards coup sur coup de Râvana ; mais ensuite, enflammé de colère, déployant son immense envergure telle qu’une montagne, il s’abattit sur le dos de son ennemi et le déchira avec ses fortes serres. Djatâyou, à la grande force, le souverain des oiseaux, ouvrit de sanglantes blessures dans le corps du guerrier avec ses pattes armées d’ongles tranchants ; mais Râvana, débordant de colère, ce monstre aux dix visages, perça le volatile à son tour avec ses flèches empennées d’or et semblables au tonnerre même. Néanmoins, sans penser ni aux dards que lui décochait Râvana, ni même