Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/337

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fense Râvana avait-il reçue de moi ? ou dans quel lieu avait-il vu ma bien-aimée ? Quelle est la forme, quelle est la vigueur, quelles sont les prouesses de ce Rakshasa ? Où son palais est-il situé ? Parle, mon ami ; réponds à mes questions. »

Ensuite, ayant tourné ses yeux vers le héros invincible, qui se répandait en gémissements, Djatâyou, malade jusqu’à la mort et l’âme toute contristée, se leva non sans peine, et recueillant ses forces, dit à Râma ces mots d’une voix nette :

« Son ravisseur, c’est Râvana, le bien vigoureux monarque des Rakshasas : il eut recours aux moyens de la grande magie, qui procède avec les tempêtes du vent.

« Il t’a ravi Sîtâ à cette heure du jour que l’on appelle Vinda[1], où le maître d’un objet perdu tarde peu à le retrouver ; circonstance à laquelle Râvana ne fit alors aucune attention. »

Tandis que l’oiseau mourant parlait ainsi à Râma, il s’agitait sans repos ; le sang et la chair même sortaient à flots de sa bouche. Enfin, promenant de tous côtés ses yeux inquiets, le vautour, dans les convulsions extrêmes de l’agonie, dit encore ces paroles en expirant : « Ce monarque, il règne à Lankâ dans une île de la mer, qui est au midi ; il est, sans aucun doute, le fils de Viçravas et le frère de Kouvéra. » À ces mots, dans une crise de faiblesse, ce roi des volatiles exhala son dernier soupir.

La tête du vautour s’affaissa par terre, il écarta ses jambes, allongea son cou et retomba sur la face du sol.

À la vue du volatile gisant, la vie éteinte, comme une montagne écroulée, Râma dans le plus amer des cha-

  1. C’est-à-dire la trouveuse.