Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/122

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blée sous le poids du chagrin, et cependant c’est une fille des rois et la plus chaste des femmes qui gardent saintement la foi du mariage.

« Au milieu des Rakshasîs mêmes, je ramenai la confiance dans le cœur de cette femme aux yeux tels, pour ainsi dire, que ceux du faon de la gazelle, aux cheveux noués d’une seule tresse, comme les veuves, environnée dans ce bocage délicieux par des Rakshasîs difformes, en butte à leurs menaces, infortunée captive, affermie dans la résolution de mourir, n’ayant pour couche que la terre, les membres sans couleur comme un étang de lotus à l’arrivée des neiges, l’âme détournée avec horreur de l’impie Râvana et tout absorbée dans la pensée de son époux. J’eus un entretien avec elle, je l’instruisis des choses dans la vérité. Apprenant que Râma s’était uni par une alliance avec Sougrîva, elle en fut ravie de joie, cette magnanime dame, qui, malgré ses douleurs, ne s’écarte pas de ses vœux, de sa résolution, de sa rare piété conjugale. »

« Décidons maintenant tout ce qui est à faire dans la conjoncture. »

Après qu’il eut ouï son discours : « Puisque la chose est ainsi et qu’on vous l’a racontée comme elle est arrivée, dit le fils de Bâli à tous ses compagnons, quel autre parmi vous a besoin de voir la Vidéhaine, fille du roi Djanaka ? Moi, fussé-je même sans aide, je suis capable de renverser dans un instant cette Lankâ, avec son peuple de Rakshasas, et d’exterminer le noctivague Râvana : combien plus, si j’étais accompagné de toutes vos grandeurs aux âmes parfaites, aux bonds vigoureux ?

« Ce qui retient ici mon courage, c’est le congé que j’attends de vos grandeurs.