Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bataille Râma avec Lakshmana, comme un feu allumé dévore l’herbe sèche.

« Ainsi, que la résolution de la guerre soit prise à l’instant par vos grandeurs, si bien douées pour la guerre, à l’exception toujours du vil et du lâche Vibhîshana lui-même. »

Ensuite le sage, le généreux Vibhîshana, profond comme la mer et victorieux des sens, répondit ces nouvelles paroles au monarque des Rakshasas : « Rejeter les discours les plus vertueux pour s’engager dans une mauvaise route, c’est, disent les sages, un signe avant-coureur de la ruine.

« Il n’est pas facile pour une âme aveuglée de remporter la victoire : et quelle victoire peuvent espérer les bons mêmes, s’ils retiennent dans leurs mains une chose avec injustice ? Autant il est difficile de traverser la mer à la force des bras, autant est-il impossible aux âmes basses d’atteindre le devoir, ce but où visent les gens de bien et qu’on doit se proposer ici-bas et dans l’autre monde ! Comme l’amour, la haine et les autres affections naissent toujours de l’âme ; ainsi tous les bonheurs des gens heureux ici-bas ont pour cause le devoir. Et même une preuve suffisante que le devoir est l’auteur de tout ce qui arrive, c’est que l’homme en général a très-peu de bonheur et que les maux font la plus grande partie de sa fortune.

« Est-il un bien quelconque, excellent, supérieur, d’acquisition facile, qui n’en soit le résultat ? Si l’on veut observer d’un regard intelligent le bonheur de tous les êtres, on verra que le devoir en est la source.

« Là où le guide est vertueux et ceux qui l’accompagnent doués eux-mêmes des vertus, on doit naturellement