Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/150

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considérer avec justesse l’amour, l’utile et le devoir. Mais ici le guide est sans vertus et ses compagnons suivent aveuglément ses pas. Les choses étant ce qu’elles sont, à quoi bon ce conseil et que cherchez-vous à connaître ? Ce qui mérite d’être appelé un conseil, c’est une assemblée où l’on examine sérieusement, et le bien, et le mal, et le douteux ; les autres ne sont, à bien dire, qu’un mauvais emploi du nom.

« J’abandonne un roi, esclave de l’amour et qui oublie son devoir dans ses conseils : je me retire à l’instant vers ce Râma, qui est sans cesse, lui dévoué, invariablement au devoir ; car on m’a toujours dit que c’est un roi victorieux des Asouras et des Dieux ; un prince qui n’abandonne jamais le faible abrité dessous sa protection ; un roi qui est secourable à ses ennemis eux-mêmes ! Je laisse avec une vive douleur ici tous mes parents divers, et je m’en vais, conseillé par le devoir, demander un asile à ce noble enfant de Manou. Une fois cela fait et moi parti, arrêtez, s’il est ici un conseiller qui sache indiquer la bonne voie, arrêtez convenablement une résolution qu’inspire l’intelligence d’une saine politique. »


Tandis que son frère Vibhîshana parlait ainsi, le monarque des Rakshasas, plein de fureur, s’élança tout à coup de son siège, le cimeterre à la main, tel qu’un nuage sombre, tonnant, d’où jaillissaient de longs éclairs ; et, poussé par le sentiment de la colère, il frappa du pied Vibhîshana sur le siège où il se tenait assis. Le prince tomba renversé de son trône sur la terre, comme le fragment d’une belle montagne, brisée par la chute de la foudre. La terreur saisit les ministres à la vue de cette rixe, comme elle saisit les créatures à l’aspect de la pleine