Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/200

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épuré, il accepte gracieusement l’oblation de beurre clarifié. Ensuite, du milieu des feux sacrés s’élança un char magnifique, attelé de quatre beaux coursiers avec des panaches d’or sur la tête.

Resplendissant comme le feu enflammé, à peine le fortuné Démon, qui s’était rendu invisible, eut-il rassasié du sacrifice le feu, les Asouras, les Dânavas et même les Rakshasas ; à peine eut-il fait prononcer par la voix des Brahmanes les bénédictions et les vœux pour un bon succès, qu’il monta dans ce char éblouissant, nonpareil, brillant de sa propre substance, tel enfin que l’or épuré. Attelé de quatre chevaux sans frein, il marchait invisible, couvert de riches vêtements, approvisionné de traits divers, armé de grandes lances à l’usage des chars, muni partout de bhallas et de flèches ressemblantes à des lunes demi-pleines. Un serpent d’or massif, paré de lapis-lazuli et pareil en éclat au soleil adolescent, se déroulait sur le char : c’était le drapeau qu’arborait Indradjit.

Quand celui-ci eut sacrifié au feu avec les formules des prières consacrées chez les Rakshasas, il se tint à lui-même ce langage : « Aujourd’hui que j’aurai tué ces deux insensés, qui méritent la mort et que leur folle audace engage dans un combat, je vais rapporter une victoire délicieuse à Râvana, mon père ! »

Monté dans le char aérien et se tenant invisible aux yeux, il blesse alors de ses dards aiguisés Râma et Lakshmana. Les deux frères, enveloppés dans une tempête de ses flèches, saisissent leurs arcs et lancent dans les cieux des traits épouvantables. Mais ce couple de héros à la grande force eut beau couvrir le ciel par des nuages de flèches, aucun trait ne vint toucher le Rakshasa, pareil à un grand Asoura.