Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/262

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poigne son arc par le milieu. Et, brandissant cet arc immense, il défie au combat son ennemi à la grande fougue, à la voix tonnante, qui déchirait, pour ainsi dire, le ciel et la terre de ses cris.

Lakshmana, qui désirait lui porter le premier coup avec ses dards aigus, courba son arc et lui décocha ses flèches, pareilles à la flamme du feu. Mais à peine l’excellent archer les avait-il envoyées au milieu des airs, soudain l’éblouissant Râvana d’arrêter les flèches avec des flèches ; et de couper, montrant la légèreté de sa main, un trait de Lakshmana avec un dard, trois avec trois, dix avec dix.

Quand le monarque, habitué à triompher dans les combats, eut vaincu le Soumitride, il s’approcha de Râma, qui se tenait là, immobile comme une montagne, les yeux rouges de colère ; il fit pleuvoir sur lui des averses de flèches. À peine eut-il vu ces multitudes de zagaies partir de son arc et venir à lui d’une aile rapide, soudain l’aîné des Raghouides saisit des bhallas, avec le fer aigu desquels ce héros au grand arc trancha ces volées de traits enflammés, épouvantables, et tels que des serpents.

Les deux guerriers firent crever l’un sur l’autre des nuages de flèches dans ce combat, le Raghouide sur Râvana et Râvana même sur le Raghouide. Attentifs à s’observer mutuellement et décrivant mainte évolution l’un autour de l’autre, tantôt de droite à gauche, tantôt de gauche à droite, ces deux héros, jusqu’alors invaincus, dirigeaient d’une manière habile et variée la fougue de leurs projectiles.

Tels que les nuages couvrent le ciel au temps où la saison brûlante a disparu, tels ces divers projectiles acé-