Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/277

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il faut reporter cette montagne aux lieux où tu l’as prise ; car c’est le théâtre où les Dieux viennent toujours s’ébattre à chaque nouvelle ou pleine lune. » Soushéna d’un regard étonné contempla cette montagne, riche de racines et de fruits, ombragée par des lianes et des arbres divers, couverte par ses différents arbustes ; il monta sur la céleste montagne, parée avec toutes les espèces de métaux. Arrivé sur la cime, il aperçut l’herbe salutaire. Aussitôt vu, il arracha le simple fortuné, le recueillit avec empressement et descendit au pied de la montagne. Soushéna, le plus habile des médecins, macéra ce végétal dans une pierre et le fit respirer avec le plus grand soin au guerrier blessé. L’héroïque meurtrier des héros ennemis, Lakshmana, en eut à peine senti l’odeur, qu’il fut délivré de ses flèches et guéri de ses blessures. À l’instant même il se releva de la terre où il était couché.

Le voyant libre de la pique, Râma fut comblé de joie : « Viens ! viens ! » dit-il à son frère ; et, les yeux noyés de pleurs, il serra étroitement le Soumitride avec amour dans ses bras, le baisa au front, versa des larmes de plaisir, l’embrassa une seconde fois et lui dit : « Héros, je te vois donc, ô bonheur ! ressuscité de la mort ! »

Les singes de s’écrier joyeux à la vue de Lakshmana, qui s’était remis debout sur le sol de la terre : « Bien ! bien ! » Ils rendent à l’envi des honneurs à Soushéna, le plus habile des médecins ; Sougrîva le comble de louanges, et le Kakoutsthide à la grande splendeur lui dit en souriant : « Grâce à toi, je revois Lakshmana vivant, ce frère bien-aimé ! »

À la vue de Lakshmana debout, libre de ses flèches et sans blessures, les singes poussèrent de tous les côtés un cri de victoire. L’aspect de cette montagne, qu’ils