Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/305

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époux, réfléchit, et, femme, elle comprima sa joie cachée au fond du cœur.

Le sage Râma dit alors ces mots à Vibhîshana d’une voix forte et pareille au bruit d’une masse de grands nuages :

« Ce ne sont pas les maisons, ni les vêtements, ni l’enceinte retranchée d’un sérail, ni l’étiquette d’une cour, ni tout autre cérémonial des rois, qui mettent une femme à l’abri des regards : le voile de la femme, c’est la vertu de l’épouse ! Celle que voici nous est venue de la guerre ; elle est plongée dans une grande infortune ; je ne vois donc pas de mal à ce que les regards se portent sur elle, surtout en ma présence. Fais-lui quitter sa litière, amène la Vidéhaine à pied même près de moi : que ces hommes des bois puissent la voir ! » Il dit ; et Vibhîshana, tout en médisant ce langage, conduisit la Mithilienne auprès du magnanime Râma.

À peine ouïes les paroles du Raghouide sur la Mithilienne, les singes et tous les généraux de Vibhîshana avec le peuple de se regarder les uns les autres et de s’entre-dire : « Que va-t-il faire ? On entrevoit chez lui une colère secrète ; elle perce même dans ses yeux. » Ils furent tous agités de crainte aux gestes de Râma ; la peur naquit dans leurs âmes, et, tremblants, ils changèrent de visage.

Lakshmana, Sougrîva et le fils de Bâli, Angada, étaient remplis tous de confusion ; et, ensevelis dans leurs pensées, ils ressemblaient à des morts. À l’indifférence qu’il marquait pour son épouse, à ses manières effrayantes, Sîtâ parut à leurs yeux comme un bouquet de fleurs qui n’a plus de charmes et que son maître abandonne.

Suivie par Vibhîshana et les membres fléchissants de pudeur, la Mithilienne s’avança vers son époux. On la vit