Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/313

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la force ne s’est jamais démentie ! répondit l’Être à la splendeur infinie existant par lui-même. Ton excellence est Nârâyana, ce Dieu auguste et fortuné, de qui l’arme est le tchakra. Ton arc est celui qu’on appelle Çârnga ; tu es Hrishikéça, tu es l’homme le plus grand des hommes.

« Tu es la demeure de la vérité ; tu es vu au commencement et à la fin des mondes ; mais on ne connaît de toi ni le commencement ni la fin. « Quelle est son essence ? » se dit-on. On te voit dans tous les êtres ; dans les troupeaux, dans les brahmes, dans le ciel, dans tous les points de l’espace, dans les mers et dans les montagnes !

« Dieu fortuné aux mille pieds, aux cent têtes, aux mille yeux, tu portes les créatures, la terre et ses montagnes. Que tu fermes les yeux, on dit que c’est la nuit ; si tu les ouvres, on dit que c’est le jour : les Dieux étaient dans ta pensée, et rien de ce qui est n’est sans toi.

« On dit que la lumière fut avant les mondes ; on dit que la nuit fut avant la lumière ; mais ce qui fut avant ce qui est avant tout, on raconte que c’est toi, l’âme suprême. C’est pour la mort de Râvana que tu es entré ici-bas dans un corps humain. Ce fut donc pour nous que tu as consommé cet exploit, ô la plus forte des colonnes qui soutiennent le devoir. Maintenant que l’impie Râvana est tué, retourne joyeux dans ta ville. »

Cependant le feu ardent et sans fumée avait respecté la Djanakide, placée au milieu du bûcher : tout à coup, voilà qu’il s’incarne dans un corps et soudain il s’élance, tenant Sîtâ dans ses bras. Le Feu mit de son sein dans le sein de Râma la jeune, la belle, la sage Vidéhaine aux joyaux d’or épuré, aux cheveux noirs bouclés, vêtue d’une robe écarlate, parée de fraîches guirlandes de fleurs et semblable au soleil enfant.