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Rendement brut du n°1 Pouvoir de la terre Pouvoir du travail
1re période 100 0 100
2e 190 10 180
3e 270 30 240
4e 340 60 280
5e 400 100 300
6e 450 150 300
7e 490 210 280
8e 520 280 240
9e 540 360 180
10e 550 450 100
11e 550 550 0


Ce tableau, dressé par Carey pour exprimer les idées de Ricardo, y répond bien. Ricardo posait la loi du rendement décroissant des capitaux additionnels : par conséquent, si le premier capital confié à la terre rend 100, le second ne rendra que 90. Puis Ricardo avait le tort de déclarer « qu’il faut ou bien qu’il y ait deux taux de rendement du capital agricole, ou bien qu’on enlève du produit du n° 1 dix boisseaux de blé ou leur équivalent pour les consacrer à un autre emploi que le loyer de ce capital[1] » : nous disons qu’il avait tort, d’une part parce qu’il écartait la première branche de l’alternative sans la discuter, d’autre part, parce qu’il ne voyait pas que ni le taux de rendement des capitaux circulants actuels, ni celui des capitaux fixes récemment incorporés ne dictent celui des capitaux fixes incorporés anciennement[2]. Quoi qu’il en soit de cette

  1. Principes de l’économie politique et de l’impôt, ch. ii, édition Guillaumin, p. 37.
  2. Cette différence de rendement des capitaux suivant leur date d’incorporation a été fort bien mise en lumière — pour la première fois, croyons-nous — par M. Paul Leroy-Beaulieu, dans son Essai sur la répartition des richesses. « Le taux de l’intérêt, a-t-il dit, dépend de la productivité moyenne des nouveaux capitaux créés dans le pays ou survenant dans le pays. La productivité des capitaux anciens contribue seulement à augmenter ou à diminuer la valeur vénale des fonds » (Op. cit., 1re édition, 1881, p. 243). — Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édition, p. 461, p. 490 en note et pp. 504-505.