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CHAPITRE VI

LE SOCIALISME EN FACE DU CHRISTIANISME

I

LE SOCIALISME A-T-IL UNE AFFINITÉ AVEC LE CHRISTIANISME ?

Une dernière question, ou mieux encore tout un ordre de questions nous reste à examiner : quels sont les rapports du socialisme avec le christianisme ?

En tant que science, l’économie politique ne se heurtait point aux vérités religieuses ; bien plus — si ce n’est dans leur philosophie sur Dieu, l’homme et le monde — elle ne les rencontrait pas sur sa route pour leur demander le secret de son origine ou pour appuyer sur elles ses déductions, et pas davantage non plus pour travailler à les déraciner dans les esprits. Mais le socialisme a-t-il pu garder cette attitude ? Tout au moins a-t-il tenté de l’observer ?

La vérité, c’est qu’il a essayé par intervalles de se donner une origine chrétienne ; mais la vérité aussi, comme nous le disions ailleurs, c’est qu’il est impossible de croire à un rapport quelconque, soit de filiation, soit même tout simplement de conformité, entre le christianisme et lui.

Nous avons vu déjà que des considérations d’opportunité et de milieu historique lui avaient cependant inspiré cette tactique dans la période de 1848, et cela parfois sous la plume de quelques-uns des hommes les plus irreligieux et les plus familiarisés avec le blasphème comme fut Proudhon[1]. Bien plus, divers auteurs plus récents et s’inspi-

  1. Supra, p. 684.