Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/128

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De bonne heure, en effet, on avait senti la nécessité de grouper les efforts pour le commerce et la découverte économique des pays nouveaux, et de protéger les négociants contre d’inutiles concurrences. Les navigations étaient alors dangereuses et fort longues, et de plus une action commune et suivie n’était pas moins nécessaire que maintenant. De là les concessions de privilèges et l’organisation des Compagnies coloniales, écloses simultanément en France, en Angleterre et en Hollande sous la poussée des mêmes besoins.

En France, les deux plus anciennes avaient été celle du Canada et de l’Acadie, fondée en 1590, puis celle de Sumatra, Java et les Molluques, créée en 1600. Un essai de vaste monopole, tenté en 1604, avec une Compagnie des Indes orientales, n’aboutit pas, faute d’expérience et de ressources. Richelieu revint donc aux privilèges multiples, limités à des régions assez peu étendues. La durée en était comprise entre quinze et vingt ans. Les concessions de ce genre furent particulièrement nombreuses entre 1626 et 1642.

Colbert retourna à la centralisation en créant, en 1664, la Compagnie des Indes Orientales et celle des Indes Occidentales, investies de droits politiques tels que les haute, moyenne et basse justices et le droit de paix ou de guerre avec les tribus indigènes. De nombreux avantages étaient promis aux émigrants et aux participants ; les droits d’entrée et de sortie sur les marchandises étaient abaissés ; des avances de fonds étaient faites, sans intérêts et avec dispense de remboursement en cas de perte. Toutefois la Compagnie des Indes Occidentales, qui avait fait de mauvaises affaires, fut dissoute en 1674, et l’on revint au système de la multiplicité des concessions.

L’Angleterre, sous le règne d’Elisabeth, avait vu naître plusieurs Compagnies privilégiées. Celle des Indes, plusieurs fois remaniée et fusionnée avec d’autres, remontait à l’an 1600. L’État mit de plus en plus la main sur elle, à