Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/135

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et Wood. Tout le monde, du reste, n’y apportait pas un esprit aussi large que Mun ; et Hume, dans son Essai sur la balance du commerce, signale « l’alarme générale qui s’empara de l’Angleterre lorsqu’on vit dans les écrits de M. Gee une espèce de démonstration appuyée sur les détails les plus circonstanciés pour prouver que la balance du commerce était tellement désavantageuse que la nation devait être entièrement épuisée d’or et d’argent dans l’espace de cinq ou six ans[1]. »

Davenant, que nous venons de nommer, a un autre titre au souvenir. C’est lui qui a le plus contribué à attirer l’attention sur la fameuse loi de King. Gregory King, né en 1628, héraut du duché de Lancastre à la fin du XVIIe siècle et finalement secrétaire de la commission de comptabilité publique, s’adonnait à la statistique au temps où elle n’existait pas encore. Il observa les fluctuations du prix des blés et il conclut que sur un marché fermé, comme celui de l’Angleterre, des déficits de récolte de 1, 2, 3, 4 et 5 dixièmes amenaient dans le prix des hausses respectives de 3, 8, 16, 28 et 45 dixièmes[2].

Sir Josiah Child formulait au même moment, de la façon la plus claire, la théorie mercantiliste comme on la comprenait avec la balance du commerce. « L’opinion la plus universellement reçue, dit-il, sur la balance du commerce en général, et qui n’est pas mal fondée, est qu’il faut la chercher par un examen exact et scrupuleux de la proportion qu’il y a entre la valeur de la masse des denrées et marchandises qui sont exportées du royaume, et la valeur

  1. Hume, Essais, éd. Guillaumin, p. 87.
  2. Thorold Rogers a observé expérimentalement la loi de King : il admet que les résultats l’ont confirmée et il en tire plusieurs formules de « lois économiques ». — « La loi, dit-il, agit dans le sens de la hausse comme dans celui de la baisse. Elle s’applique à toutes les marchandises, mais la baisse «st plus accentuée en cas de surproduction de produits d’un usage facultatif, et la hausse est plus rapide en cas de déficit de marchandises d’un usage indispensable » (Interprétation économique de l’histoire, tr. fr., ch. III, p. 63 ; — voyez surtout, ch. XII, pp. 222 et s.). — Comparez nos Éléments d’économie politique, 2e édition, p. 252.