Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/136

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de la masse de celles qui y sont importées : et si l’exportation excède l’importation, on en conclut que la nation gagne par son commerce en général ; car on suppose que l’excédent entre en argent, et que c’est autant d’ajouté au trésor général de l’État, l’or et l’argent étant regardés comme le signe et la mesure des richesses… J’avoue que cette notion de la balance du commerce renferme beaucoup de vérités. On a une grande obligation à celui qui l’a imaginée le premier[1]. » Mais, demande Child, comment faire cette comparaison ? Par la statistique douanière ? Elle existe à peine et fourmille d’erreurs. Par l’état favorable ou défavorable du change ? Trop de causes diverses le modifient. Et Child, après cette discussion, conclut naïvement que « la meilleure façon de juger de la balance du commerce est d’après l’augmentation ou la diminution de notre navigation ou du nombre de nos vaisseaux marchands en général[2] ». En tout cas et c’est le moindre mal qu’on en puisse dire, ce procédé, outre qu’il serait trop spécial à l’Angleterre, a bien le défaut d’être illogique, puisqu’il ne fait de distinction ni entre le fret d’entrée et le fret de sortie, ni entre le plus ou moins de valeur et de volume des marchandises.

Ce qu’on a le plus retenu de lui, c’est qu’il voit une cause d’enrichissement dans le faible taux de l’intérêt et qu’il explique de cette façon la prospérité de la Hollande ; mais il a le tort de croire que ce taux, au lieu d’être la résultante naturelle des circonstances économiques, puisse et doive être décrété par la loi. Ce sont ces considérations sur l’intérêt qui lui ont valu l’honneur d’avoir ses Brief observations concerning trade and the interest on money (1669) traduites plus tard en français par Gournay[3]. On trouve

  1. Brief observations concerning trade and the interest of money, 1669, traduit par Vincent de Gournay sous le titre Traités sur le commerce et les avantages qui résultent de la réduction de l’intérêt de l’argent, 1754, pp. 313-314.
  2. Op. cit., p. 334.
  3. Josiah Child est aussi l’auteur de New discours of trade, 1690.