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et elle a suscité trop d’œuvres doctrinales, pour que, même avant de la suivre dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, nous n’exposions pas ici tout d’abord ce qu’elle était au moment où la nouvelle école est apparue[1].

La tendance constante des autorités publiques avait été, depuis longtemps, d’assurer l’alimentation locale par les obstacles apportés au commerce et au transport des blés. Toutefois, malgré des fixations assez fréquentes du prix maximum des blés par voie d’ordonnances royales au cours des XIVe siècle et XVe siècles, les entraves mises à ce commerce ne faisaient point partie, à proprement parler, du système féodal. Saint Louis, au contraire, avait disposé expressément que « les baillis et sénéchaux ne défendront point les transports de blé, de vin et autres marchandises hors de leur territoire, si ce n’est en cas de grande nécessité », et que, « après avoir fait ces défenses, ils n’exempteront personne par grâce où faveur ». Là réglementation systématique ne commence qu’avec les derniers Valois et n’appartient en propre qu’aux derniers siècles de là monarchie.

C’est là ce qu’on appelle, à proprement parler, la politique annonaire.

Le principal texte législatif à cet égard est l’ordonnance du 21 novembre 1577, inspirée par le chancelier de l’Hôpital. La déclaration du 31 août 1699 l’a ensuite complétée.

Envisageons brièvement cette législation aux divers points de vue du commerce, de l’alimentation de Paris, de la circulation à l’intérieur et de l’exportation. Nous ne nous occuperons d’ailleurs que des règles permanentes, sans trop nous arrêter à des expédients passagers comme ceux que la famine de 1709 et quelques autres disettes exceptionnelles purent inspirer.

  1. Sur la question des blés, étudier l’ouvrage fort bien documenté de M. Afanassiev, privat-docent à l’Université d’Odessa, le Commerce des céréales en France au XVIIIe siècle, Paris, 1894.