Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/295

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trouvée en équilibre pour cet article là[1]. La comparaison ne doit pas être faite entre 20.000 et 28.000 francs, mais entre 25.000 fr. et 1.000 l. st., ou 1.000 l. st. et 25.000 fr. — ce qui est maintenant l’égalité parfaite.

Toutes les difficultés sont ainsi résolues. L’excédent apparent des importations tient donc, d’après J.-B. Say : 1° à la plus-value que donnent les transports, puisque la douane nationale a évalué avant le transport les marchandises qui sortaient, et après le transport celles qui rentraient[2] ; 2° aux prix auxquels le marchand national a su vendre et acheter, prix qui, eu égard au marché national, étaient inversement cher et faible, cher lorsqu’il vendait et faible lorsqu’il achetait. Par conséquent, l’avantage d’un pays — étant donné l’équilibre constant et nécessaire qui résulte de la formule « produits contre produits » est d’avoir une balance du commerce beaucoup défavorable[3].

Et J.-B. Say, poursuivant son argumentation contre les mercantilistes, se pose cette question : « Convient-il de recevoir des métaux précieux préférablement à toute autre marchandise ? » — Cela dépend, répond-il ; car, « si les besoins de la société réclament de l’or et de l’argent, le

  1. Traité, 1, I. ch. xvii, 2e édit., t. I, p. 182 en note.
  2. Sur ce point Say a raison, mais il infirme la portée de son raisonnement en ajoutant : « Ordinairement le négociant anglais qui fait des achats en France, paye les frais de transport de ses marchandises, et le négociant français en fait autant pour les marchandises qu’il achète en Angleterre » (Traité, ibid., p. 181 en note). — Il ne se demande pas de quelle nation est le navire qui effectue matériellement le transport et qui en reçoit le prix : il n’y a cependant que cela d’intéressant au point de vue de la balance des comptes. L’analyse que Mun avait faite (voyez supra p. 128), était certainement plus judicieuse.
  3. « Ce qui est digne de remarque, c’est que plus le commerce qu’on fait avec l’étranger est lucratif, plus la somme des importations doit excéder la somme des exportations, et qu’on doit désirer précisément ce que les partisans du système exclusif regardent comme une calamité. Je m’explique : quand on exporte pour dix millions et qu’on importe pour onze millions, il y a dans la nation une valeur d’un million de plus qu’auparavant. Malgré tous les tableaux de la balance du commerce, cela arrive toujours ainsi, ou bien les négociants ne gagneraient rien… Dans un pays qui prospère, la somme de toutes les marchandises importées doit excéder celles de toutes les marchandises exportées » (Ibid., pp. 182-183 en note).