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les 100 kilos), et il serait abaissé graduellement de 1 sh. par an pendant dix ans, jusqu’à 10 sh. par quarter (5 fr. 50 les 100 kilos). La protection se manifesterait encore, d’un autre côté, par une prime à l’exportation, de 7 sh. par quarter (3 fr. 85 les 100 kilos)[1].

En fait, le Parlement resta plus loin encore dans le sens de la protection, par son acte de 1822. L’importation des blés ne fut franche de droits que quand ils valaient plus de 85 sh. le quarter (46 fr. 75 les 100 kilos) ; elle devint interdite, quand ils valaient moins de 70 sh. (38 fr. 55 les 100 kilos) ; les droits d’entrée furent de 5 sh. le quarter (2 fr. 75 les 100 kilos) quand ils en valaient de 80 à 85 sh., et de 17 sh. (9 fr. 35) quand ils valaient entre 70 et 80.

Nous avons pensé que ces détails historiques étaient nécessaires pour faire comprendre un peu plus tard l’Anticornlawleague.

Indifférence et dureté pour les classes pauvres et ouvrières. — À en croire les adversaires habituels des économistes et de l’économie politique, les petits et les humbles sont broyés : la science et les prétendus savants sont sans entrailles, et ils ont conspiré pour créer la féodalité financière par la concentration des capitaux.

En tout cas, ce ne serait pas des physiocrates et de Turgot en particulier que les économistes classiques se seraient inspirés pour donner cette funeste orientation à la science qui naissait entre leurs mains. On connaît la bienfaisante administration de Turgot en Limousin, ses tentatives de réformes pour une meilleure répartition des charges publiques et ses mesures énergiques, presque despotiques, pour le soulagement des colons pauvres pendant la grande disette de 1770 et 1771. On connaît enfin la généreuse pensée qui anime l’édit du 6 février 1776. « Nous devons à tous nos sujets, fait-il dire par Louis XVI, de leur assurer la jouissance pleine et entière de leurs droits ; nous devons surtout

  1. Ibid., pp. 643 et s.