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CHAPITRE X

L’ÉCLECTISME LIBÉRAL

I

LES AUTEURS DE LA FIN DU XIXe SIÈCLE

En France les doctrines allemandes, plus ou moins imbues d’historisme et de socialisme d’État, ne sont pas parvenues à dominer. Non seulement les théories des lois économiques naturelles et permanentes ont conservé leur prestige : mais avec elles se sont aussi conservées les doctrines libre-échàngistes que les premiers disciples de Jean-Baptiste Say, puis Frédéric Bastiat, avaient soutenues. Les plus importantes revues d’économie politique sont restées fidèles à ces traditionnelles convictions. Si les idées de protection ont repris une notable avance au cours de ces dernières années, c’est dans le monde des affaires et de la politique, beaucoup plus que dans les sphères de la théorie et de l’enseignement[1], quoique l’opportunité pratique de certaines concessions ait été ressentie à peu près partout.

On comprendra combien nous devons être sobre d’appréciations en touchant aux économistes de la seconde moitié du XIXe siècle et surtout aux contemporains : nous croirions cependant être trop incomplet, si nous ne faisions pas sommairement connaître les principaux d’entre eux.

Le Genevois Cherbuliez, s’il appartient déjà à cette

  1. Le Cours d’économie politique de M. Cauwès, professeur à la Faculté de Droit de Paris (voir 3e édition, t. II, pp. 480 et s.), est un des rares ouvrages généraux de doctrine connus nettement dans un sens protectionniste.