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sation du travail (1839) et dans le Socialisme, droit au travail, réponse à M. Thiers (1849), ce dernier opuscule dirigé contre l’excellent volume De la propriété, par lequel Thiers était venu au secours de la société menacée par la Révolution[1].

Thiers, après avoir soutenu la thèse que le travail est le vrai fondement de la propriété et après avoir vivement combattu le communisme proprement dit, s’était attaqué, avec une grande perspicacité, à toutes les formules indirectes — association, réciprocité et droit au-travail — à l’aide desquelles les « socialistes », distingués des « communistes », n’admettaient la propriété que pour mieux clamer que « le capital est un tyran, qu’il ne veut pas se donner au travailleur ou bien qu’il ne se donne qu’à des conditions cruelles, de telle sorte que le travailleur ne puisse pas vivre[2] ». La théorie de l’impôt — impôt proportionnel et non progressif, impôt frappant les revenus de la propriété et les revenus du travail — était également exposée par M. Thiers avec autant de netteté que de bon sens.

Mais voyons quelle était en substance la thèse de Louis Blanc, laquelle ne manquait du reste ni d’originalité, ni de séductions.

Tout homme a le droit de vivre : or, le travail est la condition indispensable sans laquelle les hommes ne peuvent pas vivre. Donc, tout homme a un droit strict, un droit proprement dit, à un travail stable et convenablement rémunéré. En fait toutefois, les uns — c’est-à-dire les capitalistes — possèdent les instruments de travail, terres, usines, etc., sans lesquels le travail est impossible ou infructueux ; et les autres sont réduits à solliciter un

  1. La Propriété de Thiers renferme quatre livres : 1. I, du droit de propriété ; — 1. II, du communisme ; — 1. III, du socialisme ; — 1. IV, de l’impôt. Même aujourd’hui, après toutes les transformations que le socialisme a subies, on peut relire ce livre avec autant de fruit que d’intérêt.
  2. Thiers, op. cit., 1. III, ch. i. — Sur l’identité finale du communisme et du socialisme, voyez encore 1. III, ch. x.