Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/732

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

également les sociétés coopératives de production, mais en demandant aux catholiques, et non pas à l’État, de les subventionner à titre d’œuvres pies. Plus tard, il est vrai, Mgr de Ketteler, convaincu de l’inutilité de ses efforts en ce point, laissa tomber l’idée qu’il avait émise[1].

Schæffle est d’un socialisme moins violent. Non seulement ses opinions socialistes présentent un flux et uns reflux successifs, mais encore il a quelque chose de notre possibilisme français, en cherchant moins à bâtir de toutes pièces un système nouveau, qu’à faire dévier nos institutions actuelles vers le socialisme[2].

Né en Wurtemberg, il fut professeur d’économie politique à Tübingen en 1861, puis à Vienne en 1868, et ministre du commerce en 1871 dans le cabinet autrichien Hohenwart. Il s’est retiré depuis lors à Stuttgart.

Il expose, dans la Quintessence du socialisme, que la question capitale est de savoir si le socialisme, qui supprime le stimulant de l’intérêt privé, pourra le remplacer par un autre au moins équivalent : sinon, la production diminuera et avec elle les moyens de vivre. Le socialisme,

  1. Mgr de Ketteler (1811-1877), évêque de Mayence en 1850. — Voir, sur lui Nitti, Socialisme catholique, ch. v et vi, et É. de Girard, Ketteler et la question ouvrière, 1896. — « Aujourd’hui, dit Mgr de Ketteler, le salaire se détermine d’après le strict nécessaire dans le sens le plus étroit, c’est-à-dire d’après ce qui est indispensable à l’homme sous le rapport de la nourriture, du vêtement et du logement, pour conserver son existence physique. Les discussions entre Lassalle et ses contradicteurs ont mis ce fait en telle évidence qu’il est impossible de le contester sans tromper le peuple » (Die Arbeiterfrage und das Christentum, 1864). « Ketteler, dit M, de Girard (op. cit., p. 156), admet cette loi d’airain sans la discuter. C’est évidemment une faiblesse. » On ne saurait accuser cependant M. de Girard d’aucune prévention contre Mgr de Ketteler, dont il est un des plus grands admirateurs. Sur la sympathie que Mgr de Ketteler éprouvait pour Lassalle, voir en particulier sa lettre du 25 mai 1866, An drei Mitglieder des Lassalle’schen Arbeitervereins in Dünwald, reproduite par de Girard, op. cit.,. pp. 242 et s.
  2. Son Kapitalismus und Socialismus, de 1869, est peu sympathique ( « feindlich-wohlvollend », dit le Handbuch des Socialismus de Stegmann, et Hugo). L’affinité augmente avec la Quintessem des Socialismus, de 1874. Elle est complète avec Bau und Leben des socialen Koerpers, de 1875-1878. Enfin l’hostilité arrive avec Aussichtslosigkeit der Socialdemokratie, de 1885.