Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/93

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de villes confédérées, telles qu’Amsterdam et Stockholm. La Hanse était en outre unie par des traités de commerce avec toutes les villes commerçantes de l’Europe ; elle avait amené les souverains du Nord à lui donner des privilèges ou monopoles pour les échanges avec la Scandinavie, le Danemark, la Pologne, la Prusse et la Russie ; enfin elle avait fondé des comptoirs dans un grand nombre de villes, telles que Londres, Bruges, Bergen et Novogorod, parfois comme à Bergen avec un privilège exclusif pour le commerce d’outre-mer, et toujours avec des quartiers ou entrepôts séparés, que seuls les commis des négociants hanséatiques géraient et habitaient, isolés du reste de la ville et sévèrement garantis contre tout mélange avec la population locale.

Ce sont là des procédés et des mœurs que nous avons peine à comprendre. Cependant, comme l’a fort bien dit Worms, « les Hanséates furent d’une utilité incontestable, en ce que seuls ils fournissaient des débouchés aux peuples et que seuls ils satisfaisaient à leurs besoins. Le monopole dont ils usaient était l’expression naturelle de la situation… Quand les Hanséates croyaient avoir à se plaindre des peuples parmi lesquels ils étaient établis et qu’ils n’obtenaient pas le redressement de leurs torts, ils renonçaient volontairement à ce monopole : et les peuples, affranchis de leur prétendu joug, suppliaient ces despotes commerciaux de déposer leur rancune et de renouer la chaîne du passé. Il faut donc bien reconnaître que le monopole de la Hanse fut utile et inoffensif : mais nous disons de plus qu’il fut indispensable[1]. »

Les délégués des villes hanséatiques se réunissaient tous les trois ans à Lubeck ou dans une autre ville, pour discuter des intérêts commerciaux de la Hanse, mais sans s’immiscer dans la politique intérieure ou extérieure des villes confédérées.

  1. Worms, op. cit., p. 532.