Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/154

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que la première partie devait traiter de la misère de l’homme sans Dieu, et prouver par la nature même que la nature est corrompue ; tandis que la seconde devait traiter de la félicité de l’homme avec Dieu, et prouver par l’Evangile qu’il y a un réparateur. Or, cette note aussi, sur laquelle se sont appuyés MM. Faugère et Astié pour établir la division principale de l’ouvrage, est attaquable de par Pascal lui-même. Qu’on lise, en effet, le célèbre entretien dans lequel Pascal exposa le plan des Pensées, et que nous a conservé Etienne Périer, cet entretien que M. Sainte-Beuve a essayé de faire revivre, et sur lequel M. Astié semble redouter d’appeler l’attention, et l’on verra que la première partie devait sans doute établir la misère de l’homme, mais qu’il était-réservé à la seconde d’en établir la corruption.

La note sur laquelle M. Astié insiste surtout prête à plus d’une question. Que veulent dire ces mots laconiques : morale, doctrine, miracles, prophéties, figures ? À quelle intention Pascal les a-t-il jetés sur le papier ? Expriment-ils la vraie pensée de Pascal ? Est-ce l’indication de l’ordre qu’il suivra ou d’un ordre qu’il suppose possible ? À quelle date remontent-ils ? que signifie ce mot de morale ? Le chapitre de la morale doit-il nécessairement comprendre celui de Jésus-Christ ? Qu’y a-t-il enfin dans cette note, la moins explicite de toutes, qui lui donne le droit de passer avant toutes les autres ? Jusqu’à ce