Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/212

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rigueur que Pascal. Pascal n’en est pas même un représentant complet : il a des boutades, non une théorie arrêtée.

Pascal, quelles qu’eussent été d’ailleurs ses inconséquences, aurait mérité plutôt de la part du philosophe une mention honorable. Il a contribué à faire tomber en discrédit le système que combat M. Cousin. Il y a entre lui et les apologètes ordinaires cette grande différence que ceux-ci affirment l’incapacité de notre raison en vertu d’un dogme théologique, tandis que Pascal l’affirme en vertu de raisons métaphysiques, indépendantes de toute foi religieuse. Dès l’abord il se place sur un terrain qui est bien celui de la philosophie ; il juge la raison par la raison, en sorte que, s’il lui était arrivé de tomber dans quelque excès, il en aurait fourni lui-même le correctif.

Que conclure de tout ceci ? deux choses : d’abord que sur cette question, comme sur tant d’autres, il faut savoir suspendre son jugement. Les idées de Pascal sur les rapports de la foi et de la raison sont, à mes yeux, trop indécises pour qu’on puisse lui faire un procès en forme. Je n’entrevois que des lueurs incertaines ; je doute et je m’abstiens. Ensuite je remarque que, sur un sujet si capital, ce doute est grave. Il ne se peut pas que l’apologie chrétienne laisse dans le vague une question de cette importance. Une apologie qui ne résout pas clairement