Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/217

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ce sont deux choses trop différentes pour que l’on puisse passer sans intermédiaire de l’une à l’autre. Combien d’êtres qui sont chétifs et misérables sans être pour cela corrompus !

Je n’oserais accuser Pascal de n’avoir pas songé du tout à cette distinction fondamentale ; je dis seulement que, dans l’état où elles nous sont parvenues, ses notes que l’on appelle ses Pensées soulèvent à cet endroit une objection sérieuse. La rigueur philosophique à laquelle est habituée la pensée moderne exige que l’on pousse l’analyse plus loin, que l’on établisse avec plus de clarté les rapports qui existent entre les faits signalés par Pascal dans son étude de l’homme et la conclusion qu’il en tire. Si tous ces faits n’aboutissent pas à cette conclusion, si cependant on paraît vouloir les y faire tous aboutir, on pourrait se servir des lumières répandues par Pascal lui-même sur les contradictions de notre nature, pour reprocher au christianisme de ne donner qu’à moitié le mot de l’énigme.

Ce n’est pas tout. Si l’on envisage la chute à un point de vue sérieusement scientifique, et ce doit être, sans doute, le point de vue de l’apologie, surtout de celle qui se préoccupe et s’inspire d’une philosophie chrétienne, elle nous apparaîtra comme une hypothèse qui explique les phénomènes de l’ordre moral.

Quiconque observe les faits intérieurs, quiconque