Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

posées. Une loi qui explique les faits est plausible ; une loi qui les explique seule est nécessaire et peut être tenue pour vraie.

Dans les sciences morales se contentera-t-on à beaucoup moins ? Non. Où est le philosophe qui oserait réclamer pour elles le bénéfice de l’indulgence ?

Si donc l’idée de la chute rend compte de certains faits, cela nous dispose à l’accueillir ; mais un esprit logique ne sera pas si prompt à se déclarer satisfait. Il souhaitera qu’on lui montre de plus que l’hypothèse chrétienne est supérieure aux hypothèses élaborées par la science, qu’elle explique tout d’une manière plus naturelle, plus simple et plus complète.

L’apologie de Pascal répond-elle à ce légitime désir ?

On serait en droit de l’attendre si l’on ne songeait qu’aux solides qualités de ce génie ferme et précis, qui possédait au plus haut point et l’esprit géométrique et l’esprit de finesse. Mais le siècle n’était pas mûr pour tant de rigueur philosophique. Pascal, malgré toute la spontanéité de son génie, porte la marque de l’époque.

Il lui arrive de tomber dans la faute même que nous avons reprochée à son éditeur, et qu’il eût, à certains égards, évitée, si, en achevant son œuvre, il eût suivi un plan analogue à celui que nous ex-