Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/248

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du critique et du poëte, ce qui n’empêche pas que ses débuts n’aient été à la fois d’un critique et d’un poëte entre lesquels on put croire un moment qu’il allait se glisser un romancier. Le Tableau de la poésie française au XVIe siècle, et le recueil des Poésies de Joseph Delorme, sont à peu près contemporains. Les bons juges ont dû soupçonner dès l’abord que la vocation du critique l’emporterait sur celle du poète. Il n’est pas absolument rare qu’un jeune homme de vingt-quatre ans écrive des vers dans le genre de ceux de Joseph Delorme, et c’était moins extraordinaire encore dans les années qui précédèrent 1830, c’est-à-dire en pleine effervescence romantique ; mais ce qui est décidément rare et phénoménal, c’est qu’à vingt-quatre ans, on ait à ce degré le don de pénétration et surtout le don d’exactitude. Toutefois le grand public a pu demeurer en suspens. C’est la lutte engagée autour du nom de Ronsard qui nous a valu le Tableau de la poésie française au XVIe siècle, et cette lutte appartient à titre d’épisode à la grande bataille des romantiques et des classiques. Au centre, Victor Hugo frappe les coups décisifs ; à l’une des ailes, M. Sainte-Beuve le seconde par de vives et ingénieuses manœuvres. Il a lui-même bien marqué le caractère de son livre en donnant et consacrant à Victor Hugo le pindarique in-folio sur lequel il avait travaillé. C’était un des guidons qui avaient servi dans la mêlée, et dont, le