Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/274

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Cette page marque le point extrême du contraste dont le Discours préliminaire offre les premières traces, — à force de jouer avec ses personnages, M. Sainte-Beuve finit par les railler, — et en même temps elle annonce un contraste nouveau, plus sérieux peut-être, non moins pénible pour la foi, mais qui n’aura plus rien de choquant pour le jugement ni pour le bon goût. M. Sainte-Beuve a fini de côtoyer et de louvoyer. Il va, sans tant de façons, faire ressortir les grands et les petits côtés de son sujet, en sorte qu’après le Port-Royal raconté par un dilettante, nous aurons le Port-Royal jugé par le bon sens. Il avait précédemment des sourires et des agaceries, il faisait au lecteur de petits signes d’intelligence ; maintenant il aura le mot cru au besoin. Il définira, par exemple, la sœur Rose : « une Mme Guyon, janséniste, ennemie de l’autre, sainte contre sainte. » Ce sainte contre sainte, il ne l’aurait jamais dit à Lausanne. C’est égal, on l’aime mieux ainsi ; cela s’appelle parler français ; on sait du moins à quoi s’en tenir, et il n’y a pas tant à prendre garde. Et non-seulement c’est plus net, mais c’est plus digne et plus sérieux. Les solitaires représentent un point de vue, M. Sainte-Beuve en représente un autre, et quel que soit celui qu’on choisisse, on ne peut que les respecter l’un et l’autre. Au reste, il en est de ce contraste comme du premier, il s’est accusé de plus en plus, et il a fini par aboutir à un aveu définitif et