Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/408

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avec M. Stapfer, en quelques pages, beaucoup plus de bonne littérature et de saine rhétorique qu’on ne le fait dans la plupart des écoles par les cours complets de rhétorique générale, de théorie des genres et de littérature élémentaire qui préparent à l’enseignement supérieur, ou qui, pour les jeunes filles, en tiennent lieu. Le principe de M. Stapfer est donc le meilleur, puisqu’il produit les meilleurs fruits. Comment se fait-il qu’il soit le meilleur ? C’est ce que nous voulons essayer d’expliquer.


Il faut accorder deux choses aux partisans de la séparation de la théorie et de la pratique, en matière d’art et de poésie.

Il n’est point impossible que l’exercice habituel de la critique nuise au développement poétique de l’imagination. L’esprit humain prend des habitudes, des plis, et à force de négliger certains mouvements, il devient incapable de les faire.

En outre, les artistes ont ordinairement une autre manière d’exprimer leurs sentiments que les critiques proprement dits. Ceux-ci cherchent à déduire les raisons de leurs sympathies et de leurs antipathies ; ceux-là, moins analyseurs, en sentent le pourquoi plus qu’ils ne l’expliquent. Mais ils n’en savent pas moins ce qu’ils sentent, partant ce qu’ils veulent et ce qu’ils font. Pour se présenter sous une autre forme, leur critique n’en est pas moins de la critique.