Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/422

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C’est, sans doute, ce qu’il appelle une image fausse.

Elise, rassurée, est accourue en toute hâte à Suze ; elle ne peut assez dire son étonnement en voyant la fortune d’Esther :

O spectacle ! ô triomphe admirable à mes yeux !

Mille exemples prouveraient que la rhétorique du XVIIe siècle était relativement coulante sur l’article des pléonasmes et des mots qui ne disent rien. Aujourd’hui, l’à mes yeux paraîtrait fort inutile, et l’on se passerait volontiers de l’admirable. Le triomphe suffit. Ce que Racine y ajoute le dîminue.

Par quels secrets ressorts, par quel enchaînement Le ciel a-t-il conduit ce grand événement ?

Mille exemples aussi prouveraient qu’il y a dans ce dernier vers un minimum de poésie suffisant pour les oreilles des auditeurs de Racine ; mais Victor Hugo a-t-il donc si grand tort lorsque, plus exigeant, il se refuse à tomber si près de la prose et s’étonne de ces « vers de mirliton » ?

Je n’ose continuer. Il s’agit d’une tirade de vingt vers, et je n’en suis pas à la moitié de mon chapelet. Que serait-ce si nous lisions la scène tout entière ? Victor Hugo l’a bien dit, on n’en finirait pas.

Je ne suis point un détracteur de Racine, tant s’en faut ; peu de personnes le goûtent plus vivement