Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/424

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ments où il se détend. En se déployant pour suffire à une poésie lyrique toute nouvelle, la langue française a découvert dans son propre sein un fond de ressources inconnues, dont bénéficient l’épopée et le drame. Le vers de Racine ne suffit plus, même à la scène.

Victor Hugo n’est assurément pas un grand critique lorsqu’il parle de Racine comme d’un poëte bourgeois ; il n’entre pas dans son personnage ; c’est un art, une façon de poésie qui lui manque, et dont l’absence se fait sentir non-seulement dans ses jugements, mais dans ses œuvres les plus originales. Dans le drame non plus, il n’entre pas dans ses personnages, à moins toutefois qu’il n’y entre trop. En revanche, il est très grand critique lorsqu’il démêle les à-peu-près conventionnels, les touches molles, vagues, diffuses, de ce fameux vers racinien qui a si longtemps passé pour le type unique du beau, et qui n’en est qu’un des types. Mais qui ne voit qu’ici encore le poëte inspire le critique, est lui-même le critique ? L’idéal du nouveau poëte s’affirme à la rencontre d’un autre idéal, qui prétend jouir éternellement des droits du premier occupant.

Si en étudiant l’histoire du goût, on s’arrête aux moments où il se transforme, on y reconnaît toujours l’influence directe d’un poëte. Les Laharpe, même les Boileau et les Sainte-Beuve, sont des commentateurs, qui viennent après, quand la découverte