Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/70

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gles incertaines ; en voyant les nouveaux convertis errer sans conducteurs, les hérésies les plus audacieuses renaître de toutes parts, et les meilleurs esprits s’y laisser séduire ; en voyant les adversaires de la Réformation diriger sur ce point, leurs plus vives attaques, lui reprocher de n’avoir point de loi assurée, et la rendre responsable de la confusion générale, Calvin comprit qu’il n’y a de foi durable que celle qui peut se résumer dans un symbole clair et fixe ; il osa tenter d’enlever aux croyances des protestants tout ce qu’elles avaient de vague ou d’indéterminé, et d’élever entre la Réformation et l’hérésie une barrière plus haute encore qu’entre la Réformation et le catholicisme. Telle est la marche nécessaire de toute grande idée destinée à changer la face d’une société : elle germe dans les esprits longtemps avant qu’un homme supérieur s’en empare et l’exprime clairement ; ce n’est d’abord qu’un vague pressentiment ; puis c’est un désir plus décidé ; bientôt c’est une puissance qui soulève les masses et éclate parfois par de terribles révolutions ; mais elle ne se fixe qu’après avoir vaincu, et c’est là sa dernière victoire. Calvin, qui eut pour mission de fixer l’idée de la réforme, déploya un génie merveilleusement propre à mener à bien cette grande tâche. Dans un siècle où la pensée humaine flottait indécise, il donna le plus grand exemple de fermeté dans l’esprit. Á l’âge de vingt-cinq ans, appelé par une se-