Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/99

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par ses erreurs une erreur opposée, et l’humanité ne tarde pas à condamner à la fois Pelage et saint Augustin.

Comment Calvin a-t-il été conduit à une croyance aussi absolue ? Par deux causes, ce nous semble, deux causes très différentes, mais d’une égale importance. La première est morale, et se trouve dans le sentiment qui, au XVIe siècle, a fait naître presque partout à la fois la Réforme ; la seconde est dans la tournure particulière du génie de Calvin.

Oui, ce système qu’on accuse d’être immoral, repose sur un sentiment moral, et c’est dans la conscience qu’il faut en chercher l’origine. Le catholicisme avait fait à l’homme la grande part. Il l’avait convaincu du mérite de ses œuvres ; il avait divinisé une femme ; il avait établi une hiérarchie telle que le pécheur le plus obscur, par l’intermédiaire d’un prêtre, d’un évêque et d’un pontife, tendait la main à son Dieu, et comptait avec lui. Aussi longtemps qu’il resta quelque chose de la foi des premiers croyants, que les évêques et les papes furent de vrais chrétiens, cet échafaudage grandiose servit à la majesté de l’Église ; mais quand le flambeau de la foi s’éteignit, quand la tiare romaine eut été assez déshonorée par des fronts indignes, cette échelle de Jacob dressée par le moyen-âge entre la terre et le ciel servit à des ambitions vulgaires ; ce fut, entre les mains de prêtres avides, une machine gigan-