Page:Rambosson - Histoire des Météores, 1883.djvu/380

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et toute sa splendeur, on commence après la chute du jour à distinguer une lueur confuse vers le nord ; bientôt des jets de lumière s’élèvent au-dessus de l’horizon ; ils sont larges, diffus et irréguliers.

Après ces apparences, qui sont comme le prélude du phénomène, on voit à de grandes distances deux vastes colonnes de feu, l’une à l’orient, l’autre à l’occident, qui montent lentement au-dessus de l’horizon.

Pendant qu’elles s’élèvent avec des vitesses inégales et variables, elles changent sans cesse de couleur et d’aspect ; des traits de feu plus vifs ou plus sombres en sillonnent la longueur ou les enveloppent tortueusement ; leur couleur passe du jaune au vert foncé ou au pourpre étincelant.

Enfin, les sommets de ces deux colonnes s’inclinent, se penchent l’un vers l’autre, et se réunissent pour former un arc ou plutôt une voûte de feu d’une immense étendue.

Quand cette voûte est formée, elle se soutient majestueusement dans le ciel pendant des heures entières. L’espace sombre qu’elle enferme est traversé d’instant en instant par des lueurs diffuses et diversement colorées, et dans l’arc même on distingue incessamment des traits de feu d’un vif éclat qui s’élancent au dehors, sillonnent le ciel comme des fusées étincelantes qui passent au delà du zénith, et vont se concentrer dans un petit espace à peu près circulaire, que l’on appelle la couronne de l’aurore boréale.

Dans les couronnes boréales, les courbes se forment et se déroulent comme les plis et les replis d’un serpent ; les rayons se colorent, la base est d’un rouge de sang clair,