Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/194

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la tête de son enfant, pesant de tout son poids. On entendit un petit bruit pareil au murmure de l’eau dans le goulot d’une fontaine ; elle appuya plus fort, on n’entendit plus rien. Elle ôta le coussin ; l’enfant avait la bouche et les yeux ouverts ; mais ses yeux étaient blancs, s’étant retournés. Un peu de sang avait coulé jusque sur le menton.

Elle essuya le sang avec son tablier. Elle se dit : « Il est mort, il est mort ! » Et elle n’éprouva aucune douleur, mais de la surprise. Elle souleva dans ses bras le petit cadavre ; puis, l’ayant étendu sur le lit, s’assit auprès et resta là. Et, soudain, elle vit le chameau, le petit singe et la chèvre savante ; tout revivait devant elle dans ses moindres détails. L’homme avait un foulard rouge, le ciel était gris. Le tambour battait, le chameau allongeait sa