Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

violettes viennent les premières, puis les myosotis qui aiment l’eau et les fontaines et puis les autres, tour à tour.

Quand elle avait fini, Henriette s’asseyait dans l’herbe à côté de la tombe, les bras autour des genoux. D’où elle était, on voit le lac et les montagnes de la Savoie. Le pays, avec ses prairies, ses champs et ses bois, descend par lentes ondulations vers les eaux lisses et nuancées où les nuages du ciel traînent leurs ombres grises comme de grands filets. La montagne était bleue à cause de la distance. Elle soufflait parfois, comme une lessive qui sèche, une petite fumée ; et la petite fumée devenait un nuage rond qui s’en allait. Les bateaux à vapeur, s’approchant du rivage, semblaient des points noirs. Personne ne passait sur le chemin ; il n’y avait personne non plus dans le