Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/79

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notre vie qu’à chaque nouvelle seconde elle emportait dans son courant, — fausse image, aujourd’hui, de la vie que cette eau, parce que la vie immobile et elle s’écoulant toujours.

Oh ! non, à présent rien ne changeait plus, rien n’allait plus jamais changer. Ils ont retrouvé ici toutes les choses qu’ils avaient aimées, et les choses qu’ils avaient aimées, n’allaient plus jamais les quitter. Ils se rappelaient une fois où ils avaient gravé dans un tronc au couteau les initiales de leurs noms : ils avaient été chercher l’arbre, ils n’avaient pas eu besoin de chercher longtemps.

De nouveau, quand ils prêtaient l’oreille, le bruit de l’écureuil, adroit à grignoter la fève sous l’écaille, venait en imitation à une petite pluie sur les feuilles ; de nouveau, dans le grand silence, ils ont entendu le bruit de leurs cœurs.