Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/295

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SATIRE XII.


Oui, mon cœur te préfère au jour de ma naissance,
Heureux jour, où, fêtant l’ami de mon enfance,
Je vais faire couler sur un tertre pieux
Le sang des animaux que j’ai promis aux dieux.
J’y cours, accompagné d’un modeste cortége.
Immoler deux brebis plus blanches que la neige,
L’une à Junon, et l’autre à celle dont le bras,
De la Gorgone armé, sème au loin le trépas.
Pour toi qu’au Tarpéien tout un peuple contemple.
Je te destine un don plus digne de ton temple ;
C’est un jeune taureau dont le front mutiné
Cherche à briser le nœud qui le tient enchaîné.
Mûr pour la liqueur sainte et pour le sacrifice,
Il dédaigne déjà le lait de sa nourrice.
Et, secouant la tête, ardent, impétueux,
De sa corne naissante insulte un tronc noueux.
Que n’ai-je une fortune égale à ma tendresse !
J’irais, dans le transport de ma vive allégresse.
Traîner moi-même aux pieds du sacrificateur.
Un bœuf sur Hispulla l’emportant en grosseur.
Il ne sortirait point de nos prochains herbages.
Parmi des prés fleuris et de gras pâturages.
Pour les jours solennels avec soin réservé.
Sur les bords du Clitumne on l’aurait élevé.
Voilà par quels tributs j’exprimerais ma joie,
Au retour de l’ami que le ciel me renvoie,
Et qui, voyant encor les gouffres entr’ouverts,