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LE RAISIN VERT

— Parfaitement. Tu n’as rien fait cette année. Tu n’auras même pas un accessit, c’est clair. Eh bien, mon garçon, tu passeras l’été en boîte, pour revoir ton programme.

Laurent se tut, l’œil sombre, la mâchoire contractée. Sa respiration se précipitait.

— Si tu fais cette tête à gifles, dit M. Durras, tu auras la gifle.

Et il écarta, d’un revers de main, le Corbiau qui s’était placée entre eux.

— Calmez-vous, dit Isabelle en se levant, toute pâle.

À son tour elle vint se placer devant son mari :

— Au lieu de le mettre en boîte, comme vous dites, proposa-t-elle en appuyant sur lui un regard perforant, vous pourriez peut-être lui faire donner des répétitions par votre ami Pignardol, qui est un homme si remarquable ?

— Je ne vois pas le rapport, dit Amédée d’un ton bref.

Mais il se sentait traqué.

Le visage de Laurent s’était détendu. Un point d’humour brilla dans ses yeux.

— Pignardol ? Chic !

Il se leva, faucha l’air de ses bras et roulant de gros yeux, bredouilla très vite :

— Bonjour, mon ami Durras. Comment allez-vous, mon ami Durras ? Parfaitement, parfaitement, j’en suis ravi. Ah ! voici M. Durras fils, leû ffils de mon ami Durras, parfaitement. Eh bien ! jeune homme, comment vont les équations ?

L’imitation était si juste que les petites filles pouffèrent de rire à l’abri de leurs mains. Mais il n’y avait pas assez de haine dans les yeux d’Amédée pour ce clan maudit qui lui prenait tout.

Huit jours plus tard, Isabelle entra dans son bureau et lui annonça qu’elle s’était entendue, par