Page:Ratel - Isabelle Comtat, Le Raisin vert, 1935.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VII


En dépit du chagrin que lui causait le départ de Laurent, Lise ne pouvait s’empêcher de trouver que le soleil était doux, au sortir d’un hiver rigoureux pendant lequel on avait grelotté partout, faute de charbon.

Au lycée, les professeurs emmitouflés faisaient leurs cours à des classes d’enrhumées en chaussons de feutre et dont les tabliers noirs disparaissaient sous les châles et les manteaux.

Le Corbiau, sensible au froid, avait pris encore deux syncopes durant cet hiver. Le médecin consulté n’avait rien trouvé, sinon une circulation trop lente et des battements irréguliers du cœur qui semblaient indiquer un dérèglement du grand sympathique, mais rien de grave, une séquelle de la formation, simplement.

Ces paroles rassurantes n’empêchaient pas Isabelle de se tourmenter. Lise l’avait trouvée un jour au chevet de la jeune fille endormie, et elle contemplait ce sommeil avec une physionomie si creusée d’angoisse que Lise avait soufflé, interdite : « Mais voyons, maman, elle n’a rien de grave ? Le médecin l’a bien dit. »

Alors Isabelle avait haussé les épaules et parlant bas, elle aussi, mais avec un feu qui, ne pouvant passer dans la voix, explosait dans le regard : « Des ânes ! » avait-elle répondu.

Elle entourait le Corbiau d’une sollicitude cons-