Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/102

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partenant à la respectable classe des employés, à en juger du moins par ses vêtements brossés avec un soin méticuleux et par son air paterne, leva la tête et détourna un moment son attention du journal qu’il lisait pour faire à la jeune fille un signe protecteur. — Son voisin, qui dévorait le Siècle de la veille, profita de cette occasion pour lui demander :

— Vous avez fini le journal d’aujourd’hui, monsieur ?

— Mais non, mais non, un moment, que diable ! — répondit le monsieur d’un ton bourru en se replongeant dans sa lecture.

Une grande et grosse campagnarde apportait en ce moment à Titi le déjeuner commandé, et celle-ci, prenant un petit pain dans une corbeille d’osier qui en contenait une pyramide, se mit à manger avec un appétit tout juvénile.

L’habitué qui tenait le journal de la veille jeta un regard sur l’heureux possesseur de celui du jour, et voyant qu’il n’en était qu’à la seconde page, il ne put réprimer un mouvement d’impatience en murmurant :

— Vieux croûton !

Ne trouvant pas sans doute un bien grand