Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/61

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madame Sainte-Hélène portait les culottes dans son ménage, comme madame Baldi dans le sien : ce qui était faux. Madame Sainte-Hélène, petite femme grasse, la tête emmitouflée dans un bonnet qui cachait entièrement ses cheveux, le corps encotonné dans une robe sans taille, avait une tête en forme de boule, comme son mari avait une tête en forme de triangle. Cette tête, éclairée par de bons gros yeux d’un bleu faïence, et semée de quelques bourgeons rouges, en manière d’ornements, respirait la bonne humeur. La femme-sphère adorait l’homme-triangle et ne le contrariait en quoi que ce fût, sinon au sujet de leur fils aîné, le héros ! Que voulez-vous ? Elle ne savait pas de métier plus haïssable que le métier des armes, tandis que M. Sainte-Hélène n’en reconnaissait pas de plus beau, depuis qu’en 1813, enrôlé dans la garde nationale mobile, il avait failli se battre à Troyes. Certes, madame Sainte-Hélène faisait des cancans, mais c’était sans méchanceté, non pour blesser les gens ; mais uniquement pour dire quelque chose. Quand on est ignorante comme une carpe, et qu’on ne sait ni l’histoire, ni la géographie ; — quand on con-